La Fédération Histoire et Archéologie maritimes
La Fédération Histoire et Archéologie et maritimes est dirigée depuis 2011 par Olivier Chaline, également directeur adjoint de l'Institut de l'Océan. Elle rassemble historiens, archéologues et géopolitologues dans des programmes recherche où la coopération internatonale est fondamentale.
Orientations scientifiques
Le navire et les opérations navales sont les préoccupations majeures de notre équipe qui fédère Sorbonne Université, l’Ecole navale et le Musée national de la Marine. Quelques grands axes commandent notre travail.
Ce qui a été fait en 2018-2021
Malgré les perturbations liées à la pandémie qui n’a pas permis de réaliser tout ce qui avait été prévu, trois axes de recherche ont pu être développés.
Axe 1 : L'opérationnel naval
- Cette thématique a été celle du séminaire d’Histoire maritime jusqu’en 2020. Chaque année, un aspect a été spécifiquement étudié dans le temps long, XVIe-XXIe siècle et dans différentes marines. Les intervenants ont été aussi bien des officiers de marine que des historiens. C’est dans cette dynamique qu’a été préparé par Olivier Chaline et Tristan Lecoq et Patrick Boureille le numéro 28, 2020 de la Revue d’histoire maritime « Sortir de la guerre sur mer ».
- L’opérationnel naval a été précisément le sous-titre donné au second volume des actes des colloques montés conjointement par la FED et la Société des Cincinnati de France : Olivier Chaline, Philippe Bonnichon et Charles-Philippe de Vergennes (dir.), Les Marines de la Guerre d’Indépendance 1763-1783, t. II, L’opérationnel naval, Paris, Sorbonne Université Presses, 2018, 457 p. Des historiens français, britanniques, américains et espagnols ont été publiés dans ces deux volumes.
- De manière expérimentale, dans un groupe de travail / séminaire ouvert à des étudiants volontaires, Olivier Chaline, Alexandre Jubelin et Pierre Le Bot, ont lancé une réflexion sur l’histoire du commandement, rarement traitée comme telle par les historiens au-delà des biographies de chefs militaires et directement utile pour la formation des futurs officiers. Elle permet de mieux penser l’articulation du bâtiment et de la force navale.
Axe 2 : Le bâtiment à la mer
- Les navires des historiens quittant rarement le port, il est apparu nécessaire de mener une étude concrète conjointe avec les marins sur la navigation : formes de carène et stabilité du navire, vitesse et entretien de la coque, modes de réparations, hydrographie et météorologie, faire le point et suivre un cap, organisation du travail et sécurité à bord. Le numéro 24, 2018, de la Revue d’histoire maritime, dirigé par Olivier Chaline, Isabelle Knab-Delumeau et Jean-Marie Kowalski, portant précisément sur « le navire à la mer », a permis de traiter d’une partie de ces sujets.
- Cette thématique a nécessairement tout un volet archéologique subaquatique dirigé par Max Guérout qui a publié avec Jean-Pierre Laporte, Le Magenta. Du naufrage à la redécouverte (1875-1995). Sur les traces des empires engloutis, Paris, CNRS éditions, 2018.
- Le PCR sur les navires méditerranéens au XVIe siècle, hébergé par la FED, a poursuivi son action, spécialement en publiant des travaux sur l’épave génoise de la Lomellina, en poursuivant la fouille de celles de la Mortella (Corse) et en prospectant des sites archéologiques sous-marins datant du XVIe siècle dans les eaux françaises et étrangères. La thèse d’Arnaud Cazenave de La Roche a été publiée sous le titre The Mortella Wreck III. A spotlight on Mediterranean Shipbuilding of the 15th Century, Londres, Bar International, 2020. Le projet de prospection visant à retrouver l’épave du navire ragusain Santo Spirito naufragé en 1579 a reçu l’accord de la superintendance pour les biens archéologiques de Ligurie. L’étude de l’artillerie embarquée continue également.
Axe 3 : Les espaces maritimes, environnement d'action
- L’Atlantique des Espagnols au XVIIIe siècle a été particulièrement mis en évidence dans le volume collectif hispano-français dirigé conjointement par Agustin Guimera Ravina (CSIC Madrid) et Olivier Chaline, La Real Armada. La marine des Bourbons d’Espagne au XVIIIe siècle, Paris, Sorbonne Université Presses, 2018, 416 p. Cet ouvrage avait pour finalité première de donner aux francophones un moyen pour découvrir cette marine, la 3e de son temps.
- Une autre zone maritime a fait l’objet d’une étude de l’environnement d’action, la Manche et la mer du Nord, conjointement avec des historiens britanniques. De premiers résultats ont été livrés dans Olivier Chaline et Richard Harding (dir.), « L’Angleterre vue de la mer au temps de la voile, XVIe-XIXe siècles », Histoire, Economie & Société, 1.2020. Ce numéro a porté spécifiquement sur les navigations, les mouillages et les ports entre les îles Scilly et l’estuaire de la Tamise, afin de faire comprendre très concrètement l’autre rive, souvent ignorée des historiens français.
- La FED par l’Ecole navale, aux côtés de l’INALCO-Langues'O et avec Asia Centre, a été également partie prenante de l’Observatoire Asie du Sud-est 2017-2020, financé par la DGRIS (Direction générale des relations internationales et de la stratégie) au ministère de la Défense. Cette thématique très contemporaine est développée par Eric Frécon, présent à Singapour.
Maintenant en 2022, alors que la FED sera partie prenante des Rendez-vous de l’Histoire de Blois consacrés à la mer et y assurera plusieurs tables rondes, elle est en mesure de présenter plusieurs publications de ses membres :
- Olivier Chaline et Agustín Guimerá (dir.), La Real Armada y el mundo hispanico en el siglo XVIII. Madrid, Fundacion Gutierrez Melado, 2022. Version espagnole accrue de l’ouvrage collectif de 2018.
- Olivier Chaline, Apprendre la mer en France XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Flammarion, 2022.
- Max Guérout, Gordon Watts et Joé Guesnon, Le CSS Alabama. L’épopée engloutie du croiseur confédéré, Paris, CNRS éditions, 2022.
- Alexandre Jubelin, Par le fer et par le feu. Combattre dans l’Atlantique (XVIe-XVIIe siècles), Paris, Passés composés, 2022.
- Florence Prudhomme et Thierry Moné, Un dragon au service du roi. Les destinées maritimes du chevalier de l’Espine, Paris, CNRS éditions, 2022.
Ces quatre volumes en annoncent d’autres :
- Olivier Chaline et Jean-Marie Kowalski (dir.), L’amiral de Grasse, son armée navale et l’Indépendance américaine, à paraître Paris, SUP, 2023.
- La publication de la thèse d’Isabelle Knab-Delumeau est prévue également aux SUP.
Les projets pour 2022-2025
Axe 1 : Les océans comme environnement d'action
- Le projet des archéologues : Alger 1541, l’échec de Charles Quint : l’étude d’une opération ratée et de ses épaves.
- Croisement sources d’archives et archéologie sous-marine, donc historiens et plongeurs.
- Etude hydrographique et météo articulée à celle de l’opérationnel car Charles Quint , en dépit des avertissements, s’est entêté à tenter l’attaque d’Alger à l’automne, si bien qu’une tempête a dispersé sa flotte et fait sombrer plusieurs navires, rendant le rembarquement très difficile.
- Coopérations internationales : avec l’Espagne (CSIC), l’Italie (Navlab de Gênes) et l’Algérie.
- La dimension géopolitique articulée à l’axe 3 de l’Institut de l’océan
- L’école navale mène un projet financé par l’Agence d’Innovation de la Défense (AID) pour la période 2021-2024 relatif au « GEOINT » (Geospatial Intelligence), qui vise à développer une méthodologie d’intelligence géospatiale dans le domaine maritime. Ce projet, porté par l’Ecole Navale en collaboration avec Sorbonne Université, a pour objet d’aborder le GEOINT maritime par une démarche complémentaire entre ingénierie de l’information, intelligence artificielle et sciences humaines. Considérant quelques cas d'usage ciblés, l’objectif est de développer des capacités pluridisciplinaires d’analyse et d’interprétabilité des mobilités maritimes (quels sont les navires, quelles sont leurs caractéristiques, etc.), d’analyse de leurs comportements maritimes (où se déplacent-ils, à quelle vitesse, etc.) et d’analyse de leurs situations maritimes (dans quel contexte se déplacent-ils, pourquoi, quel est le contexte international, etc.).
- Collaboration avec l’Australian Defence Forces Academy (UNSW-ADFA) sur souveraineté et construction navale, dans le cadre d’un programme PHC FASIC financé par le MAE.
- Enfin deux nouveaux environnements d’action : les pôles et les grands fonds.
- De manière expérimentale, dans un groupe de travail / séminaire ouvert à des étudiants volontaires, Olivier Chaline, Alexandre Jubelin et Pierre Le Bot, ont lancé une réflexion sur l’histoire du commandement, rarement traitée comme telle par les historiens au-delà des biographies de chefs militaires et directement utile pour la formation des futurs officiers. Elle permet de mieux penser l’articulation du bâtiment et de la force navale.
Axe 2 : Le commandement à la mer
Le séminaire d’histoire maritime pour 2022-2023 portera sur ce thème avec Olivier Chaline, Alexandre Jubelin, Pierre Le Bot, Baptistine Airiau et également la participation de l’amiral Christophe Prazuck, désormais Directeur de l’Institut de l’Océan de l’Alliance Sorbonne Université).
Notre étude se développera dans deux directions. La première sur l’entourage du chef, amiral ou commandant. Une demie journée d’étude franco-espagnole est prévue au printemps 2023 avec Pierre Le Bot, Agustin Guimera et Hugo Martin Bernaola Martin (auteur de Liderazgo naval y redes profesionales. El equipo de José de Mazzaredo 1776-1814, Madrid, 2021). Il s’agira de comprendre ce qu’a été du XVIIe siècle à nos jours un état-major de force, ainsi que l’environnement matériel du commandement, de la dunette et de la timonerie à la passerelle et au PC opérations.
La seconde direction, complémentaire, nous porte à étudier, dans la perspective de la résilience du navire ou de la force, quelles ont pu être les organisations les plus adaptées au combat afin de faire face à la part d’imprévu au combat. Comment une chaîne de commandement réagit-elle lorsque des dommages graves surviennent à bord du navire ou dans la force ? Une des questions essentielles qui va animer les réflexions de nos contemporains est celle de la coexistence sur un même bateau ou dans une force d’agents humains et d’agents autonomes (tels que les drones), avec en toile de fond la question de la confiance dans le système et la gestion des erreurs.
Axe 3 : Retour et transmission d'expériences
Le projet ANR Astrid MARINOV (2021-2024), porté conjointement par l’École navale et l’ENSTA-B vise à développer une étude sociohistorique des processus d’innovation dans la Marine afin de proposer des pistes d’accélération des cycles d’acquisition. Ce projet regroupe historiens, politistes et sociologues autour d’un objet commun, qui fait ressortir les interactions entre marins, ingénieurs et politiques.
En prenant ce thème sur une plus longue durée du XVIIIe siècle à nos jours et pas uniquement pour la marine française, toute une série de questions émergent avec une prise de champ historique :
- Quelles sont les modalités du retour d’expérience ?
- Combien de temps faut-il pour qu’il modifie les matériels, les doctrines d’emploi ? Le RETEX est-il structuré, alimente-t-il vraiment les réflexions sur les matériels à venir ?
- Comment les savoir-faire opérationnels peuvent-ils être transmis ?
- Peut-on les capitaliser ? Pourquoi leur fragilité ?
- Comment le lien s’établit-il (ou non) entre des univers de la Marine, des politiques, des ingénieurs et industriels ? Comment chacun envisage-t-il son rôle ?
Ces différents objectifs sont définis en fonction de collaborations internationales renforcées ou nouvelles :
- Italie : Navlab de Gênes.
- Espagne : CSIC à Madrid (l’équivalent du CNRS).
- Australie : University of New South Wales, Australian Defence Forces Academy.
- Etats-Unis : US Naval Academy Annapolis, US Naval War College Newport.
- Royaume-Uni : Britania Royal Naval College
Formation
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Publications
Les recherches menées au sein de la FED 4124 peuvent se retrouver dans deux publications privilégiées :
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